Art ancien

Grands et petits maîtres

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 29 octobre 2014 - 492 mots

Le marchand Alexis Bordes présente de belles redécouvertes du XVIIIe et XIXe siècle français.

PARIS - Installé depuis le mois de mars rue de la Paix, Alexis Bordes propose une trentaine de tableaux anciens et sculptures du XVIe au XXe siècle (15 000 à 200 000 euros) de belle qualité. Le marchand a conservé le concept de galerie en étage, « pour ce côté feutré et parce [qu’il] considère la galerie à l’ancienne obsolète. Participer à des foires et réaliser des expositions avec catalogues à l’appui, c’est ce qui fait venir les clients. Et puis le fait d’avoir emménagé ici, à proximité du monde du luxe, [lui] a permis de rencontrer d’autres collectionneurs. Le nouveau pôle du marché parisien se situe désormais entre l’avenue Matignon, la place Beauvau et la rue de la Paix ! ». Passionné par le Grand Siècle, le XVIIIe français, le spécialiste avoue qu’il ne cherche pas uniquement à exposer les grands noms, mais aussi à présenter les chefs-d’œuvre de petits-maîtres ou bien des œuvres historiques. C’est le cas notamment du Portrait du duc d’Albe, 1749, par Jean-Marc Nattier (195 000 euros), commande officielle de Louis XV ou du duc lui-même. Ici, Louis XV rend un bel hommage au duc, ambassadeur d’Espagne près la cour de France : dans la même posture que le roi, en armure avec les insignes des chevaliers des Ordres du roi. Ce tableau, qui provient de la collection Charlotte et Nathaniel de Rothschild, a un intérêt historique et diplomatique. « Je n’achète pas forcément qu’une belle image, il faut qu’il y ait une histoire derrière », explique le marchand.

Une sélection pointue
D’autres œuvres exposées ont déjà été vendues, comme La Pêcheuse, de François Boucher (autour de 200 000 euros) ; Saint Paul de Tarse, 1850, de Joseph Barthélémy Vieillevoye ; Portrait en pied du peintre Francesco Hayez, 1836, un plâtre par Alessandro Puttinati. Cherchant encore preneur, une Sainte Cécile, par Charles Mellin (vers 1597-1649), autour de 85 000 euros. Le 13 novembre prochain, à l’occasion de Paris Tableau, la galerie organise un second vernissage, autour de deux redécouvertes, La jeune fille au chapeau de paille, de François Boucher, commandée par Louis XV en 1736 pour son cabinet privé au château de Fontainebleau : démontée des boiseries en 1793, cette commande royale est restée jusqu’alors dans une collection privée, d’où sa fraîcheur sur le marché (autour de 650 000 euros) ; et Neptune calmant la tempête, de Pierre Brebiette (vers 1598-1642).
Dans son nouvel espace, Alexis Bordes reçoit surtout (70 %) des clients étrangers et des Français installés à l’étranger. « Le marché, plus actif aujourd’hui qu’il y a deux ans, est devenu très sélectif. Les collectionneurs sont exigeants car en temps de crise, ils ont besoin d’être rassurés sur la provenance. Il faut aussi être intraitable sur la qualité et l’état de conservation », note le marchand qui, pour la première fois en dix ans ne participera pas à la Brafa de Bruxelles.

Tableaux anciens et sculptures

Jusqu’au 28 novembre, Galerie Alexis Bordes, 4 rue de la Paix, 75002 Paris, www.alexis-bordes.com.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°422 du 31 octobre 2014, avec le titre suivant : Grands et petits maîtres

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