Inventeur du métier moderne de galeriste, Paul Durand-Ruel est à l’affiche du Musée du Luxembourg.
PARIS - L’homme dépeint sous le pinceau doucereux de Pierre-Auguste Renoir en 1910 cache bien son jeu. Sous des airs de gentleman dans la force de l’âge, Paul Durand-Ruel (1831-1922) a derrière lui une carrière de marchand aussi redoutable que visionnaire. Employé à contrecœur dans le commerce de son père, papetier et marchand de tableaux, Paul a une révélation devant les œuvres de Delacroix à l’Exposition universelle de 1855. Le voici, tableaux sous le bras, écumant les villes de province et d’Europe du nord. Âgé de 25 ans à peine, Paul a du flair et il voit grand. Le succès à retardement de « la belle école de 1830 », dans lequel il classe le romaantisme d’un Delacroix au réalisme des paysagistes de Barbizon, des Corot, Millet et autre Courbet, le conforte dans l’idée de miser sur la jeunesse. Doté d’un instinct commercial hors pair, Durand-Ruel modernise le métier de marchand, choie ses collectionneurs, étoffe ses stocks et impose des contrats d’exclusivité à ses artistes pour verrouiller le marché. Les portes françaises peinent à s’ouvrir à l’impressionnisme ? Il suffit de franchir des frontières pour trouver des clients.
Le conservatisme force d’inertie du goût français, à l’origine de l’exil de tant de chefs-d’œuvre signés Manet, Monet, Degas et Renoir, est le fil rouge de l’exposition du Musée du Luxembourg. La spécificité des choix de Durand-Ruel est ici mise en avant, à défaut de faire un portrait global de ses activités classiques de marchand – qui finançait son combat pour les avant-gardes en vendant des tableaux plus convenus. L’exposition, qui circulera par la suite au printemps à la National Gallery de Londres et à l’été au Philadelphia Museum of Art avec un corpus d’œuvres variable, est placée sous l’autorité d’un commissariat tripartite (avec Sylvie Patry du Musée d’Orsay pour l’étape parisienne) et sous l’œil avisé des descendants Durand-Ruel. L’expertise des différents conservateurs assure une sélection savoureuse de tableaux impressionnistes, avec une prédilection pour le paysage.
(1) Paul Durand-Ruel. Mémoires du marchand des impressionnistes, établies, présentées et annotées par Paul-Louis Durand-Ruel et Flavie Durand-Ruel, Flammarion, 416 p., 32 €.
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Un marchand précurseur
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 8 février 2015, Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, 75006 Paris, tél. 01 40 13 62 00, www.museeduluxembourg.fr, le lundi et vendredi 10h-22h, mardi- jeudi 10h-19h, le samedi et dimanche 9h-20h , catalogue, éditions RMN-GP, 240 p., 35 €.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°422 du 31 octobre 2014, avec le titre suivant : Un marchand précurseur