Allemagne - Musée

Berlin

A Berlin, le musée du XXe peine à voir le jour

Par Isabelle Spicer (Correspondante à Berlin) · Le Journal des Arts

Le 28 octobre 2014 - 671 mots

Le musée allemand peine à voir le jour. Pour pallier le manque de fonds publics, un partenariat public-privé est envisagé.

BERLIN - Une fois n’est pas coutume, l’Allemagne regarde avec envie la France. « Quel est le problème avec Berlin ? Alors que des regards jaloux se tournent vers Paris, qui obtient un musée de plusieurs millions à sa périphérie, la planification des musées de la capitale n’avance tout simplement pas », écrit Rüdiger Schaper, responsable du département culture du quotidien Tagesspiegel.

Ce commentaire quelque peu dépité vient en réaction à la confirmation d’Hermann Parzinger d’un éventuel partenariat « public/privé » en vue de l’édification d’un musée du XXe siècle à Berlin. Le débat dure depuis juillet 2012, lorsque le Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand, avait adopté un budget de 10 millions d’euros pour transformer la Gemäldegalerie en musée d’art moderne. L’objectif de ce dernier ? Principalement accueillir la collection d’art surréaliste du couple Pietzsch, qui n’accepte une donation de sa collection aux musées étatiques berlinois qu’avec l’assurance que cette collection serait effectivement accessible au public et non pas entreposée dans les réserves faute de place. Mais aussi exposer en permanence les modernes classiques de la Neue Nationalgalerie qui manque en effet cruellement de place, et depuis 2010, ne dévoile sa collection que par segment.

Suite à une étude de faisabilité, la fondation avait finalement décidé en août 2013 de construire un nouveau bâtiment derrière la Nationalgalerie, solution bien moins coûteuse qu’un déménagement des maîtres anciens de la Gemäldegalerie sur l’Île aux musées.

Un partenariat public-privé
Mais, malgré les demandes insistantes d’Hermann Parzinger, l’édification du musée d’un XXe siècle n’est toujours pas inscrite à l’ordre du jour du Parlement et ne le sera pas d’ici la fin de l’année. Il se trouve que le budget fédéral est déjà lourdement grevé par les projets de la capitale : ambitieux Masterplan de rénovation de l’Île aux musées, réfection du Staatsoper, l’ancien opéra de Berlin Est, construction du château, grand aéroport de Berlin… Le président de la fondation a ainsi confirmé dans un entretien au Tagesspiegel que le gouvernement allemand planchait sur une autre solution : un partenariat public/privé. Le bâtiment du musée serait construit par un consortium privé, qui le louerait ensuite à la fondation, avec une option d’achat ultérieur. Cette nouvelle a été également accueillie avec scepticisme par le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui souligne les difficultés rencontrées par les grands projets reposant sur un partenariat public/privé en Allemagne, notamment le projet de Philharmonie de l’Elbe à Hambourg et le grand aéroport de Berlin, dont les délais et les coûts ont explosé.

Maigre lot de consolation pour le couple de collectionneurs Pietzsch, la Neue Nationalgalerie expose « 20 œuvres pour le XXe siècle » de leur collection, dont, petit clin d’œil, le vernissage a débuté à 20 heures le 20 octobre dernier. À la vue de cet impressionnant échantillon, qui comprend des œuvres de Picasso, Frida Kahlo, Jackson Pollock, ou bien encore Max Ernst, on comprend mieux pourquoi la Fondation du patrimoine culturel de Prusse se débat pour trouver un écrin à cette collection. Évoquant son rêve de créer un musée du XXe siècle, Udo Kittelmann, directeur de la Nationalgalerie, a ainsi déclaré à l’occasion du vernissage, « je n’ai pas l’habitude de renoncer à mes rêves ». Il espère que le couple Pietzsch pourra patienter jusqu’à la réalisation de ce rêve, sans renoncer à sa donation à la Nationalgalerie. Mais sans même évoquer les difficultés rencontrées par le projet du nouveau musée, le rêve devra cependant attendre : la Neue Nationalgalerie ferme ses portes à la fin de l’année pour des rénovations d’ampleur, avant de rouvrir au plus tôt… en 2019. Malgré des solutions temporaires, telles qu’héberger une partie de la collection de la Nationalgalerie dans une aile du Musée Hamburger Bahnhof, il sera bien difficile de contempler des modernes classiques à Berlin dans les cinq prochaines années.

Titre original de l'article du Journal des Arts n°422 : « Berlin, le musée du XXe et ses deniers privés »

Légende photo

La Neue Nationalgalerie, à Berlin, où est actuellement présentée une partie de la collection Pietzch. © Staatliche Museen zu Berlin.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°422 du 31 octobre 2014, avec le titre suivant : A Berlin, le musée du XXe peine à voir le jour

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