Pour sa quatrième édition, la foire d’art contemporain de Rio progresse encore en qualité, dans un marché porteur. Elle a réussi à convaincre de grandes galeries d’y participer.
RIO DE JANEIRO - À ceux qui demanderaient s’il existe, au Brésil, une place pour une seconde foire d’art contemporain en plus de celle de São Paulo, établie de plus longue date, l’édition 2014 d’Art Rio, qui s’est tenue du 10 au 14 septembre, a apporté une réponse claire. Et affirmative. Depuis ses débuts en 2011, la foire carioca, alors déjà très honorable, a nettement progressé. Certes, les galeries de Rio restent encore en net retrait par rapport à celles de São Paulo, mais l’accrochage s’améliore. C’est très clair dans la section moderne de la foire qui souffrait naguère d’un accrochage beaucoup trop dense.
Incontestablement, le comité de sélection de la foire de Rio fait très bien son travail. Composé de la galerie David Zwirner, et, côté brésilien, de deux des plus importantes galeries du pays, Fortes Vilaça et Anita Schwartz, mais aussi de deux galeries qui montent, A Gentil Carioca et Mendes Wood, il sait produire des choix judicieux et équilibrés entre galeries classiques et d’autres plus avant-gardistes.
Paradoxalement, la foire bénéficie directement d’un cadre fiscal peu favorable à l’art au Brésil. Dans la mesure où, lors des foires, les taxes prélevées sont moins élevées que lorsque les transactions ont lieu dans les galeries mêmes, celles-ci sont incitées à participer à ces événements pour bénéficier de taux réduits qui rendent notamment l’importation d’œuvres d’artistes étrangers moins prohibitive. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’avant même le début d’Art Rio, de nombreuses œuvres soient pré-vendues… Car c’est un fait, le marché de l’art contemporain brésilien est solide et se distingue d’autant plus dans un contexte international de morosité qui affecte bien des pays telle l’Espagne. Afin de gagner le nouveau marché brésilien, la Généralité de Catalogne subventionne ainsi, en 2014, une dizaine de galeries, qui faisaient figure honorable.
Le grand succès d’Art Rio reste toutefois d’attirer quelques-unes des galeries internationales étrangères les plus réputées telles que Gagosian, Pace, David Zwirner – soit probablement les trois plus puissantes galeries états-uniennes du moment – mais aussi les londoniennes Victoria Miro et White Cube. Notons que là où, lors de l’édition 2013 de la foire d’Abou Dhabi, Gagosian présentait un stand assez indigne qui a d’ailleurs été suivi de son désengagement de l’édition 2014 de la manifestation, la galerie joue chaque année le grand jeu à Rio, témoignant de la confiance accordée au marché brésilien où ne manquent ni les millionnaires ni les collectionneurs importants.
Abstraction géométrique
Beaucoup d’œuvres de qualité étaient à voir sur des stands dont la surface importante permet de présenter clairement la ligne des galeries avec une forte diversité d’artistes sans que les œuvres se télescopent. Les œuvres très colorées et/ou très marquées par l’abstraction géométrique y étaient florès, correspondant bien au goût majoritaire brésilien. On retiendra de Montez Magno les beaux tableaux composés de petits carreaux de faïence colorée qui, remontant pour certains aux années 1970, évoquent des pixels. On préférera ceux présentés par la galerie Pilar (São Paulo), à 40 500 euros, à ceux de la galerie Bergamin (São Paulo).
Logo, très orientée sur l’art urbain, montrait quatre œuvres de Cesper dont deux très réussies. La galerie Bernard Ceysson (Paris, Genève), nouvelle venue à Art Rio, avait pris un risque en consacrant tout son stand à Claude Viallat (de 7 000 à 45 000 euros), alors que les solo shows sont rares sur la foire. On pouvait voir chez Gagosian une grande toile (affreuse) de Jeff Koons mais aussi un de Kooning, un diptyque de Richard Serra, un Lichtenstein, un Damien Hirst, un Rudolf Stingel et un… Monet. Mais aussi un magnifique Georg Baselitz sur fond noir et un très grand Julie Mehretu en douze panneaux chez White Cube, un stand de haute volée. Dan Flavin, Donald Judd, Richard Serra et Yayoi Kusama étaient présentés par David Zwirner.
Les stands de Fortes Vilaça (São Paulo) et de Victoria Miro étaient d’un goût très tropical tandis que Pace montrait une flopée d’intéressants tableaux de Zhang Huan. On relevait enfin des Vik Muniz chez Nara Roesler (São Paulo), de grands Julian Opie chez Mário Sequeira (Braga, Portugal) au stand très pop, des Joana Vasconcelos sur plusieurs stands.
Les points à améliorer ? Il faudrait que les galeristes soient moins effarouchés quand on leur demande les prix et que certains progressent notablement en anglais. Pour le reste, Art Rio s’affirme de plus en plus comme une foire très sérieuse, solide où l’on ne vient pas pour soigner son image. Mais pour vendre, dans un contexte de marché porteur.
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Art Rio 2014 prend ses marques
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°419 du 19 septembre 2014, avec le titre suivant : Art Rio 2014 prend ses marques