À Bilbao, le XVIIe est confronté à l’art contemporain pour renouveller la vision du baroque.
BILBAO - Malgré un sous-titre mentionnant les artistes Maurizio Cattelan et Francisco de Zurbarán, « Barroco exuberante » ne consiste pas à « offrir un festival de chefs-d’œuvre », ni à « revendiquer l’existence d’un courant stylistique néobaroque en art contemporain », comme le précise la commissaire d’exposition Bice Curiger. Le parcours sinueux à travers les galeries du Guggenheim Bilbao est avant tout une invitation à réinterpréter le « baroque », par le biais d’un regard sans cesse sollicité. Loin des ornementations, des grands apparats et des dorures, Bice Curiger cherche à détacher le baroque de la perception traditionnelle que les gens en ont, pour le dévoiler sous un autre aspect, plus dynamique et transgressif. Tout comme le style qu’il évoque, qui varie dans chaque région d’Europe où il s’est exprimé, le titre de l’exposition de Bilbao, organisée conjointement avec la Kunsthaus de Zurich, comprend plusieurs traductions, véhiculant chacune leur subtilité : en allemand « Deftig Baroque », en espagnol « Barroco exuberante », en anglais « Riotous Baroque et en français « Le Baroque débridé ». Débridé, tumultueux, houleux, agité, exalté, tapageur, turbulent, le baroque est ici « en contact direct avec différents aspects existentiels », devenant « expression d’une vitalité précaire ».
Dialogue entre baroque et contemporain
Avec des cimaises blanches pour les œuvres contemporaines, et des pans de murs recouverts de toile de jute jaune comme fond pour les œuvres anciennes, la scénographie à l’encontre d’une vision cloisonnée fonctionne par collage, en « une sorte de montage cinématographique » où le flash-back opère ici sous la forme d’écrans partagés. Parti pris de présentation discret, mais radical : les plans se confrontent, dialoguent, s’entrechoquent. Dès la première salle, le visiteur est confronté à l’étal d’un boucher de Pieter Aertsen, des scènes de tavernes d’Adriaen Brouwer, de banquets de Jan Steen, et côtoie des séries de photographies de Juergen Teller et Boris Mikhaïlov ou encore, un cochon fait de silicone de Paul MacCarthy en train de dormir au milieu de la pièce. D’autres thématiques se succèdent : le rustique, le grossier, le sexuel, le comique, le grotesque qui tend parfois même vers le burlesque, le religieux, ou les vanités. Faisant le pont entre « art ancien » et « art contemporain », « Barroco exuberante » parvient à rapprocher ce style et « une époque qui avait choisi le visible et le sens de la vue comme l’une de ses thématiques allégoriques préférées », de nos perceptions actuelles du monde, pour ainsi offrir au spectateur de nouvelles sources de questionnement.
Jusqu’au 6 octobre, Guggenheim Bilbao, Avenida Abandoibarra, 2, Bilbao, Espagne, 34 944 35 90 90, www.guggenheim-bilbao.es, mardi-dimanche 10h-20h. Catalogue, ed. Guggenheim, 176 p., espagnol, 30,60 €
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Baroque and roll à Bilbao
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°396 du 6 septembre 2013, avec le titre suivant : Baroque and roll à Bilbao